Embrasement des Flocons. C'est assez élégant comme nom  pas vrai ? Toi, en tout cas, tu le trouves tout simplement parfait. Cette couleur de neige qui te colle à la peau, te mets face à la réalité, cette réalité froide et cruelle. Blanche. Une réalité blanche de neige. Comme des flocons en hiver. Qui cachent un danger mortel. Ce blanc qui semblerait incorruptible. Mais qui est consumé par un brasier de haine revendiqué. Tu te consumes toi même. Et tu en es fière. De cette haine, de cette méchanceté et de cette violence qui est tienne. Tu es un être perfide et parfaitement cruel sans jamais perdre ton calme. Toujours cynique quel que soit le pauvre abruti qui se tient en face de toi. Qu'il soit chaton, guerrier, ancien ou rêve, tu le détestes et tu ne te fais pas prier pour lui cracher à la figure qu'il est incommensurablement stupide.

Ô toi, stupide, tu ne l'es pas. Autrement, tu ne chercherais pas coute que coute à divertir une vie peu palpitante et dénuée d'intérêt si ce n'est.. Te rendre utile, ne jamais être remarqué, toujours passer pour un héro, toujours perdre, d'une manière ou d'une autre.. Ou.. Jouer les troubles faits. Et pourrir le monde comme il te pourri toi.

Tu sais Invité, de sortir du camps et pénétrer délibérément en territoire ennemi à insulter un apprenti, tout est prétexte à repousser les limites.
Cruel ? Réaliste.
Menteur ? Tout le monde ment.
Hypocrite ? Lui au moins, ne se cache pas pour le crier haut et fort.
Narcissique ? Est-ce que chercher à provoquer les autres toujours plus loin, en se revendiquant supérieur est une forme de narcissisme ? Pas si on pense qu'on ne vaut pas mieux qu'eux.
Autodestructeur ? Mais qui t'a dit que c'était faux ça ? Qui t'a dit que c'est pas ce qu'il cherche à faire ? Pourrir ta vie pour mieux pourrir ce monde, savoir jusqu'où peut aller la cruauté stellaire ?

Alors, cette fois encore, tu repousses les limites de la folie. Tester les bipèdes est une mauvaise idée. Mais longer un chemin du tonnerre pour pénétrer en territoire ennemi, en faisant un maximum de bruit pour qu'on te trouve.. Qu'Est-ce qui pourrait mal se passer ?

Ce qui n'était pas prévu, c'est toi. Tu prévoies toujours, on ne sait jamais. Tu prévois tes échappatoires à tes plans mesquins, lors des combats tu analyses la technique de ton adversaire pour mieux le battre et le ridiculiser, mais tes propres limites, elles sont comme absentes de ton esprit. Et traverser un chemin du tonnerre te terrifie. Non pas que ça vienne du fait que tu puisses t'y faire tuer en une seule seconde par un monstre vomissant, ni que te retrouver face à une patrouille ennemie avec une possibilité qu'il y ai affrontement donc une probabilité à 100% de perdre lamentablement contre au moins cinq guerriers, c'est que le chemin du tonnerre est le territoire des bipèdes. Et les bipèdes, contrairement aux chats, sont impossibles à battre pour un félin tel que toi.

Alors, tu avances. Les sens en alerte, les muscles tendus à se rompre, au point où tes pas te font mal. Mais tu avances. Tu repousses tes limites.

vrrrrrrrrrr

Ton cœur ratte un battement, tes pattes t'emportent vers les hautes herbes tonnerreuses. Arbre ? Ne sois pas stupide Embrasement des Flocons, le monstre ne te suivra pas dans les hautes herbes. Pourtant, pris de panique à l'odeur et le bruit de cette machine de mort, tu t'enfuis ventre à terre vers les terres du clan du tonnerre.

Il y a une forme au loin. Mince, assez frêle. Tu devines que c'est l'ombre des arbres qui lui donne cette couleur sombre. Tu n'as pas l'habitude des arbres, tu n'arrives pas à deviner sa véritable couleur. Il tourne la tête vers toi. Est-ce tes pas, ton odeur ou le bruit que font les herbes en fouettant ta musculature squelettique qui l'ont prévenu de ton arrivée ?

Tu ralentis un peu la cadence et constate en approchant qu'il ne t'avait pas encore remarqué lorsqu'il avait tourné la tête, car celle-ci c'est tournée et baissée de quelques millimètres. Il regardait l'horizon, a entendu un monstre, puis t'a entendu arriver en sentant tes pas marteler le sol avec affolement ou a vu les sillons de ton passage dans la neige. Ca ne peut être que ça puisque l'odeur du chemin du tonnerre couvre toute les autres, et le vrombissement du monstre est un vrai calvaire pour l'ouïe fine d'un chat. De plus, à la couleur de ton pelage, tu te fonds parfaitement dans la masse blanche du manteau neigeux qui jonche le sol.