Un félin noir, le regard vide, il était d'un noir de jais très épais et ces courtes pattes étaient repliées.
C'est tout muscles bandés qu'il fixa l'animal en face de lui, toute crocs sorties.
Le félin noir feula, aussi fort qu'il put, son poitrail se contracta sous la puissance du feulement.
La bête était d'un roux flamboyant tacheté de blanc, il avait de petits yeux noirs ébène et une longue queue touffue. La créature était bien plus grande que le guérisseur, elle était elle aussi aux aguets, les babines retroussées, crocs à l'aire, laissant danser la lumière sur la surface jaunâtre.
En un éclaire, la bête se jette sur le chat, il gémit, ferme les yeux, tétanisé par la peur.
J'ouvris les yeux et me levai d'un bond, ouvrant grand les yeux, dans l’espoir d'y voire quelque chose, rien, juste mes ténèbres habituels.
J'entendais des hurlements, non des piaillements, tel le chat que j'étais dans mon rêve, je me cambrai et feulai sur les petits démons.
-Sortez d'ici tout de suite!! Hurlais-je fou de rage. Il y avait trop de piaulements, trop de bruit partout, trop de sons heurtant mes oreilles sensibles.
Vite le bruit cessa, je tentai de reprendre mon calme, en vain, l'énervement faisait battre le sang contre mes tempes, à un tel point que je n'entendais plus le gazouillis des oiseaux, chantant pour la saison des feuilles nouvelles.
Je fis un pas,
craque, un autre,
craque.
Je m'immobilisai, visualisant devant mon regard azuré le champs de bataille des herbes éparpillées.
Je grognai, et commença à rassembler les feuilles, les tâtent une par une...
Elles étaient toutes froissées, parfois déchirées, j'imaginais une ombre brune cernée de noir se dessiner sur le squelette de ces feuilles d'un vert pur et à l'odeur entêtante.
Je finis par rassembler le massacre avec une branche de sapin.
Une voix m'interpella, me sortant de mes pensées malsonnantes.
-Bonjour Mousse du Secret. Je venais voir si je pouvais t'aider à nettoyer.
Je reconnaissais sa voix, c'étais Nuage de Cygne, une apprentie énergique et impulsive bien que pleine de bonne volonté.
-Merci Nuage de Cygne, mais j'ai bientôt fini de tout rassembler... Tu voudras venir m'aider à en ramener?
Ce n'était pas tout les jours que l'on me proposait de l'aide, encore moins les apprentis.
Je laissai mon regard se perdre dans le vide juste en face de moi, j'imaginai le paysage.
Je m’imaginai une clairière remplie de félins, des chats faisant leur toilette, le poil radieux sous un soleil chaud et illuminant avec une grande douceur le sol rocheux du camps.
Je sentais contre ma fourrure le vent s'engouffrer dans chacun de mes pores, se penchant contre mes oreilles, chantant une douce berceuse, apaisant les cauchemars et troublant la colère.
La mélodie se glissait contre mes tympans avec douceur, laissant rejaillir des souvenirs enfouis depuis trop longtemps.
Le vent de la destiné souffle c'est un fait,
Mais ta destiné, seul toi peut a tracer,
Fuis si tu veux mais le passé reste abandonné,
Et sache que la défaite est accompagnée,
D'une un peux trop profonde négativité.