L'orchestre entre dans la danse, la ronde s'affirme et se déchaîne. Le petit point en devient deux. Les deux en deviennent quatre. Il s'en crée des dizaines de milliards ainsi. Petites cellules ou atome, organes ou planètes, être humain ou système solaire, famille ou galaxie, humanité ou univers, quelle différence ? Tout est parti d'un simple point dans une masse sombre et inconnue.

La fœtus éclot. Tel une fleur, la mitose se présente chef d'orchestre et laisse entrer les basses pour l'introduction. Le soleil commence à battre au cœur de la poitrine de embryon, jeune système solaire. Il y fait plus chaud, la vie peut y proliférer en paix. La reine neurale c'est aussi développée. Elle semble imploser sur elle même tandis que tel un arbre elle émerge d'un profond hiver pour entrer en floraison. Les branches sont longues. Fines. Les feuilles frêles. l’électricité y circule en permanence. Vers le soleil, dans une liberté sans fin. Les percutions sont en place à présent. BAM bam. Grosse caisse, caisse claire. Noire croche, noire croche, noire croche. Joue le batteur au rythme de chef Mitose, ayant en main la frêle et toute puissante baguette d'ADN. Le batteur en a un aussi.

Le chef d'orchestre fait entrer les vents et les cuivres. Le thème principal est joué. Les messages électriques sont si intenses qu'ils forcent l'arbre à s'agrandir encore et encore, former un cœur en son sommet. Le Dieu trou noir est né. Il s'harmonise au soleil et enlace le batteur pour qu'il calme le soleil, pour qu'il le guide tel une mère guide son enfant vers la lumière du jour.

Les vents prennent le rythme. Les flûtes et les saxophones deviennent jambes et bras. Avec douceur, l'air circule en eux, dans cette tuyauterie sans fin née d'on ne sait où. Avec douceur, le son devient mélodie. La mélodie accélère encore un peu. Les clarinettes et trompettes sont fluides, elles soutiennent les flûtes et les saxophones.

La terre des planètes devient dure. Elles sont presque entièrement formées. La musique continue de se déverser à flot dans l'arbre devenu trou noir d'informations. Les vents jouent leur ballet. La percussion est douce. Mais puissante. Le batteur et la mitose s'accordent sur un rythme et accélèrent. Le premier chapitre se termine entre les bras de la mère galaxie.

Le système solaire est jeune. Il pleure et crée des nuages par centaines de milliers. Il finit par apprendre à parler, à envoyer des ondes. Le ballet se continue dans une danse éternelle, rythmée par  le chef d'orchestre qui se bat pour les faire rester avec sa pulsion alors qu'ils veulent s'en enfuir. Quitter le temps et vivre plus vite. Innocente et naïve, elle montre un merveilleux sourire à l'univers tout entier. Elle est envie, c'est tout ce dont elle se rend compte pour le moment. L'orchestre n'a pas le temps de se reposer qu'arrive la fin du chapitre deux.

Le temps passe et la galaxie oublie un de ses systèmes solaires devenu grand. Une planète est un  peu plus bruyante que les autres. On l'appelle Terre. C'est une petite fille qui pleure. La fillette dit qu'elle a mal. Qu'elle saigne. Une fois par mois, toujours à la même période.

Le trombone passe par dessus les autres. Le chef d'orchestre, désemparé, ne parvient pas à le faire revenir à la réalité. Le trombone joue fortissimo dans toute la galaxie. Il joue brutalement, SI SI DO RE MI, RE MI, RE MI, MI RE MI SOL FA ! Il joue sa peine et sa détresse. Mais l'univers est si grand que personne ne l'entend. Et il joue si fort que sa galaxie ne veut plus l'écouter.

Le tromboniste fini par essouffler. Il perd tout. Et fini par le plus rien contrôler. Il ne peut plus suivre le chef d'orchestre qu'il c'était habitué à suivre à  la mesure prêt. Mais maintenant, il s’effondre à terre, et meure. Incapable de parler.

La pièce se termine. Le chapitre trois est terminé.