C’était l’histoire d’une petite née depuis peu, qui avait été recueillie par des bêtes sur deux pattes sans même être sevrée. Déposée dans une boîte en carton face à un étrange bâtiment fait de bois et de pierres, celle-ci ne connaissait ni ses origines, ni la chaleur d’une mère, ni même l’existence des personnes de son espèce. Cependant, elle avait un foyer qui la protégeait du froid, de la nourriture, et son éternelle motivation à faire des bêtises.

Un soir, quelques lunes après son arrivée, les bipèdes oublièrent de fermer la fenêtre de la chambre de leur progéniture. C’était là où Ouistiti, nom qu’ils prirent pour la baptiser, prenait plaisir à se reposer. Ayant la soif de vivre, de découvrir, et de partir en exploration, elle s’approcha de la fenêtre pour finalement vaciller, perdre l’équilibre et tomber dans une benne à ordure. De l’intérieur, celle-ci fit la rencontre de Silhouette, une vieille minette qui mâchouillait tranquillement une arête de poisson en grommelant des mots incompréhensibles, sans même s’apercevoir de l’arrivée de Ouistiti dans son domaine.

Lorsque cette vagabonde âgée se retourna, elle se retrouva prise au dépourvu face à la jeune qui la regardait avec admiration :
Un autre chat tout comme moi ! Se disait-elle, en sautillant sur place.

Prise d’un étrange instinct maternel, Silhouette ne démontra aucune once d’agressivité à l’égard de Ouistiti. Bien au contraire, elle lâcha son bout d’arête et pris la petite par la peau du cou, la sortant des détritus et la déposant sur le sol fleuri de l’extérieur.
Libre ! Libre ! Le bonheur de la liberté ! Lâcha la petite immature, à la vieille minette qui soupira de désapprobation.

Soudain, la jeune vit au loin une boite en carton. Ni une, ni deux, elle sauta à l’intérieur, toute heureuse et en toute discrétion. La vieille se mit donc à la chercher, en vain, pendant que Ouistiti se faisait silencieuse comme un arbre, puis, elle termina par s’endormir.

C’est alors qu’un homme s’approcha d’un pas nonchalant, rouspétant sur Silhouette qui miaulait interminablement et qui détala aussitôt à sa vue. Discutant avec un autre membre de son espèce, il embarqua sans le savoir, Ouistiti qui était accompagnée d’autres cartons, dans l’un de ses monstres. C’est alors qu’elle se réveilla à un autre endroit : l’homme venait d’ouvrir la boîte après un long trajet, quand surprise, la jeune minette se mit à bondir comme un kangourou hors du contenant pour s’enfuir précipitamment.

Seulement, sur son passage, aux rebords de la ville, la petite se frotta sous un escabeau, faisant tomber sur elle, un seau de peintures vertes sur son pelage. Toute paniquée et haletante, elle courra se réfugier dans les bois, où le monde semblait bien moins hostile...Que nenni, car après un bon bout de temps d’escapade, elle tomba sur un féroce matou qui semblait avoir pour rude intention de l’étriper, mais qui se ravisa, en voyant sa teinte effrayante et son jeune âge.

… Un toutou des bipèdes.
Que viens-tu faire ici ?
Tu empestes le cadavre avec ce machin sur toi !
J’espère que tu as une bonne raison de fouler nos terres.
Lâcha-t-il alors, en sa direction.

Qqqq..qqq…
Fut sa seule réponse, car elle termina par s’évanouir devant lui.

Non sans hâte, le mâle détala alors en direction de son campement, pour informer plusieurs félins de la situation.

Après une longue discussion [...] :

Chef : Nous allons la garder…
Le matou agressif proteste.  
Chef : ...Elle a besoin de soins, elle ira se reposer chez la guérisseuse. Ce n’est pas dans notre devise de laisser des chats en détresse, qui soient-ils. On verra bien ce que l’on peut faire d’elle après.

C’est alors qu’après une lune entière sous leur surveillance, la jeune demanda à devenir apprentie pour reprendre sa vie en main et trouver un moyen de les remercier à son tour. Une apprentie qui hérita bien vite du nom de “Nuage Vert”, en rappel à son irruption dans le territoire du clan de l’Ombre, couverte d’une teinture nauséabonde qui n’était pas la sienne.