J'ai toujours aimé l'eau, et indirectement la pluie, mais cette nuit, l'orage m’empêche de fermer l’œil. Je me retourne, encore et encore, dans la tanière des apprentis. De peur de réveiller mes cadets -je suis la plus grande des apprentis étant donné que si j'avais été "normale" je serais déjà guerrière- et n'y tenant plus, je me glisse hors du gîte où je vis depuis déjà plus de quatre saisons.
C'est alors que je vois une ombre se glisser hors du camp. Bien qu'étant encore une apprentie et n'ayant pas vraiment le droit de sortir comme bon me semble, je la suis, poussée par la curiosité. D'ailleurs, j'ai largement l'âge d'être une guerrière alors je doute que me trouver sur le territoire en pleine nuit gêne grand monde. Et mam... heu Etoile des Astres a confiance en moi.
En pistant sa trace à distance raisonnable je reconnais l'odeur du guerrier nocturne, il s'agit de Caresse de l'Océan. Je pris à chaque seconde pour qu'il ne m'entende pas, moi et ma maladresse légendaire mais l'orage couvre tout bruissement suspect qu'il aurait dû percevoir. C'est ma nuit de chance... je n'aimerais pas me faire repérer !
Je joue à être la plus discrète possible un bon moment, jusqu'à que ma partie de pistage improvisée me conduise au Rochers du Soleil, où le guerrier s'assoit.
Je l'observe de loin, cherchant à comprendre ce qu'il fabrique mais il ne bouge pas.
C'est alors que je comprends. Caresse de l'Océan s'est isolé pour réfléchir et laisser libre cours à ses pensées, loin de ses camarades de Clan.
Et moi, comme une cervelle de carpe, je le suis et viole en quelque sorte son intimité avec la nuit...
Je me sens soudain très coupable et mes oreilles commencent à me brûler de honte.
Je m'éloigne donc à pas de loup, la pluie battante compensant la discrétion que je n'ai pas, le laissant seul.

Le soleil est haut lorsque que je ressort de la tanière des apprentis pour la seconde fois. Le camp est encore plein d'eau à cause de l'rage nocturne mais cela ne me gêne pas, j'aime et j'adore l'eau. Je m'apprête à rejoindre une patrouille ou à demander où est-ce que l'on a besoin de moi quand quelque chose retient mon attention. Le tas de gibier... Mon estomac miaule famine. Je saisis un petit poisson et songeant que j'irais pêcher dans la journée et déguste la proie.
A peine terminer ma toilette que je me redresse, les oreilles et le museau frémissants. Qu'est ce qui a bien pu attirer mon attention ainsi ? Je balaie l'île du regard. Celui s'arrêtent alors sur Caresse de l'Océan qui mange à l'écart des autres, seul.
C'est alors que le mâle relève la tête et plonge son regard dans mes yeux bleus si spéciaux.
Je me fige. Dois-je aller lui parler ? L'inviter à aller pêcher avec moi ?
La confrontation se fait alors plus longue et je me demande à quoi il pense. M'a-t-il vue hier soir ? Aucune idée.
Je décide de m'approcher de lui comme si je ne savais pas et lance gentiment un timide.
- Bonjour Caresse de l'Océan.