Aujourd'hui, nous sommes samedi ! C'est le jour du marché au village. Depuis mes dix ans, c'est moi qui ai ordre d'y aller. Au fil du temps, cette ordre c'est métamorphosé en plaisir.

    Dès l'aube rose, les commerçants commençaient à exposer leurs biens. Quelque heure plus tard, j'arrivais au début du marché. J'avais pour habitude, d'observer la cadence des villageois : lente et saccadée pour la vieille dame bossue, gracieuse et distinguée pour la jeune institutrice, de mon petit frère, légère pour le petit enfant qui sautillait, brute et grotesque pour le gros poissonier. Je le suivis. Il était chauve et barbu. Ses gros yeux bleus ressemblaient aux yeux des gobies. Il avait l'accent du sud et empestait l'odeur répugnante du poisson. Je pris un pavé de saumon et poursuivis mon chemin. Je faisais la queue pour acheter une dizaine de pommes. Le mélange des fruits exahlait un arôme sucré. Je croquai à pleine dents, dans une pomme rouge. Elle était lisse. La lumière du matin apparaissait dans le reflet du fruit d'automne. Son goût sucré et acide réveilla mes papilles avec une explosion de saveur contrastée. Il ne manquait plus qu'un pain de campagne. Je passais devant les marchands de vaisselles. Cette place était toujours bruyante, à cause des cries des uns et des autres, ainsi qu'aux assiettes cassées. Un vieux monsieur grincheux, à l'accoutumée, discutait avec l'élégant notaire du village. Je jetai mon trognon de pomme dans la poubelle de la boulangère. Cette dernière, était une petite femme dodue, âgée d'une soixantaine d'années. Elle était toujours aimable et souriante. Elle aimait son pain et ses clients. Elle les traitait d'une extrème tendresse. Son pain était chaud. Je rompis le quignon. Il était croustillant. Son odeur alléchante embaumait mes narrines. Le clochet de l'église retentit neuf fois. L'air frais laissa place au doux rayon du soleil.

    Au lieu de rentrer chez moi, je voulus me promener dans les champs. L'air était pur. Le vert était naturel. Je cueillis une marguerite et m'assis au bord d'un ruisseau. Nous avons cinq sens. AUjourd'hui, comme tout les samedi, je les ai laissé libres. La liberté de mes sens, me rend plus humain et plus proche de la nature. Elle me permet même de développer un sixième sens.

La peur